La Dominique, c’est une île rustique et surtout, une nature très généreuse. Malheureusement, elle souffre d’une réputation d’île non sécuritaire pour les plaisanciers, qui, souvent, l’évitent ou n’y demeurent qu’une seule nuit, en transit pour les îles voisines. Heureusement, pour nous, cette perception fait maintenant partie du passé.
Nous avons, désormais, adopté la Dominique.
Nous sommes restés trois jours au mouillage de Portsmouth, au nord de l’île, en compagnie de nos amis (voiliers Entomo et San Flo). D’emblée, il faut souligner que la Portsmouth Association of Yacht Services (PAYS) déploie, depuis plusieurs années, de grands efforts pour assurer la sécurité dans la baie de Portsmouth. L’organisation, fondée par Hank Schmitt, un skipper d’expérience, ainsi que d’autres partenaires, a initié un projet visant à créer et gérer une cinquantaine de moorings (corps-morts) dans l’objectif d’assurer la sécurité des navigateurs, tout en offrant des services d’excursions et autres.
Ainsi, lorsque vous arrivez à proximité de la baie de Portsmouth, vous êtes assuré d’être accueilli par un membre, communément appelé boat boy, de PAYS qui vous aidera à vous attacher à un mooring et qui vous offrira ses services, sans être insistant et avec le sourire. La tradition veut que le boat boy vous sera affecté pour l’ensemble des services que vous pourriez requérir pendant votre séjour. Il n’y a pas d’obligation de s’attacher à un mooring et certains navigateurs optent d’ailleurs pour l’ancrage. Pour notre part, nous avons préféré un mooring. Il n’en coûte que 30 EC$ (East Caribbean dollar; 15 $ CAD) et ça permet d’encourager PAYS et ses membres à poursuivre leur excellent travail. De plus, nous avons réservé une excursion afin de visiter l’Indian River.
UNE ÎLE CONVOITÉE
La Dominique se situe entre les îles françaises de Marie-Galante et des Saintes, au nord, et de la Martinique, au sud. Christophe Colomb a découvert l’île lors de son deuxième voyage en 1493. Il la nomme Domingo, pour dimanche, jour de sa découverte. Initialement peuplée par les Indiens arawaks, cette île a été, tour à tour, convoitée et conquise par les Espagnols, les Français et les Anglais. Les Espagnols cèdent l’île aux Français en 1625. S’ensuit un affrontement entre Français et Anglais au cours du XVIIe siècle. La Dominique devient une île neutre par le biais d’un traité de paix qui sera rompu par les Français. La proximité géographique de la Guadeloupe et de la Martinique, fait en sorte que les Français s’implantent peu à peu en Dominique, développant l’agriculture et important des esclaves pour la main-d’œuvre. En 1759, les Britanniques s’emparent de l’île et, peu de temps après, les Français leur cèdent l’île en 1763, dans le cadre du traité de Paris (le même traité qui céda, entre autres, le Canada aux Britanniques). Mais, dans ce cas-ci, ce traité ne fera pas long feu. La France remet la main sur la Dominique deux fois, en 1772 et 1814. Finalement, la France abandonne l’île aux Anglais en 1814 et leur donnera le statut de colonie en 1898, pour devenir indépendante en 1956 dans le cadre de la Fédération des Antilles britanniques. La Dominique sera ensuite un État associé au Commonwealth. C’est en 1978 que la Dominique obtiendra son indépendance.
DURE RÉALITÉ, COMPENSÉE PAR UNE NATURE GÉNÉREUSE
La véritable richesse de la Dominique ne se trouve pas dans son économie. Son PIB est de 5 500 $US avec un taux de pauvreté de 30 % et de chômage de 23 %. L’économie est principalement basée sur le tourisme (58 % du PIB) et l’agriculture (18 % du PIB)¹. Sa nature est toutefois généreuse et fascinante et les Dominiquais gagnent à être connus.
Nous avons fait le tour de l’île et avons constaté un pays enchanteur, une nature luxuriante et, contrairement à certaines croyances, beaucoup plus développé qu’on pourrait le penser. Notre premier arrêt était pour la gourmandise. Une fabrique de chocolat artisanale, Pointe Baptiste Estate, à Calibishie. L’équipement est quelque peu rudimentaire, mais conçu de façon ingénieuse et la fabrication respecte les principes de développement durable. Ici, vous pouvez déguster du chocolat à plusieurs saveurs : gingembre, citronnelle, épices, piment, pépites de chocolat, etc.
- Chocolaterie
- Séchage du chocolat
- Fleur toute délicate
- Fleur de gingembre
- Heliconias
Tout au long de notre parcours, quel bonheur d’admirer les fleurs – gingembres, heliconias, oiseaux du paradis, anthuriums, hibiscus, allamandas, etc.) – qui y poussent en abondance, ainsi que les arbres fruitiers (bananes, mangues, etc.). Sur la côte Atlantique, le territoire Kalinago, aussi appelé Territoire Caraïbe, abrite une population autochtone, environ 3000 personnes, sur une superficie de 15 km². Ce territoire est présidé par un Chef et cinq membres et est représenté au parlement dominicain.
- Territoire Caraïbe
- Souvenirs sur le Territoire Caraïbe
- Fleur de gingembre
- Une autre fleur de gingembre
- Paul et Marlène, Nord de l’île
Les infrastructures, généralement en bon état, sillonnent un territoire très escarpé. Grâce à l’aide internationale, la Dominique est en voie de reconstruire ses infrastructures beaucoup plus durablement, tant son parc immobilier que routier, détruits en grande partie par l’ouragan Maria en 2017.
Un proverbe fait valoir qu’à toute chose le malheur est bon. À cet effet, la Dominique démontre une résilience exemplaire. Le pays a décidé de mettre l’accent sur l’écotourisme et a obtenu la certification Green Globe 21² (agrotourisme, sentiers de randonnée, production biologique, commerce équitable, etc.). Nous avons d’ailleurs visité l’Indian River en bateau à rames, avec guide qui parlait français, se prénommant James Bond! Dépaysement total assuré. Une nature luxuriante. Un havre de paix où se côtoient les poules d’eau, les crabes et plusieurs espèces de poissons et d’oiseaux. Surprise. Au bout de la rivière, un bar en pleine nature qui se fond dans le décor, agrémenté d’un sentier garni de fleurs de gingembre, d’heliconias et d’hibiscus. Sur le chemin du retour, un petit détour nous mène au décor de certaines scènes du film « Pirates des Caraïbes ».
- Bienvenue à Indian River
- Parcours de l’Indian River
- On ne parle pas, on admire!
- Reflet des arbres dans l’eau
- Cabane, « Pirates des Caraïbes »
- Sentier, Indian River
- Indian River vue d’en haut
- Fleurs pour les dames, Guylaine (Entomo)
- Bar caché, Indian River
- Heliconias
Vers le milieu de l’après-midi, le dépaysement n’était pas terminé. Un autre havre de paix nous attendait. Les chutes Trafalgar, non loin de Roseau, la capitale. Deux chutes de 60 mètres de haut où la nature a incontestablement et rapidement repris ses droits après Maria. En contre-bas, vous avez le loisir de vous rafraîchir; les plus intrépides peuvent toujours grimper plus haut.
- Sentier vers les chutes
- Un bon raffraichissement !
- Finis le plastique et le styromousse!
Bref, la Dominique est une île où il faut impérativement s’arrêter. La nature y est d’une beauté sauvage; elle constitue un patrimoine jalousement préservé. La population, sympathique et attachante, généralement respectueuse de vos souhaits.
- Arc en ciel sur Portsmouth
- Drapeau de la Dominique: végétation luxuriante et perroquet sisserou, emblématique de l’île
- J’aime les heliconias !
- Allamandas
- Source : Wikipedia, Économie de la Dominique.
- Source : Dominica becomes first country to earn prestigious eco-tourism designation from Green Globe 21, Travel Daily News International, 19 janvier 2005.