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COMME OCÉAN


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HISTOIRE D’ARCHE

On devrait dire bossoir pour un bateau, mais disons que le terme arche est aussi utilisé. L’histoire de cette arche est vraie. Elle n’a rien à voir avec la légende de l’arche de Noé.

Sur un bateau équipé croisière comme le nôtre, une arche est plus que nécessaire. Son utilisation se veut multiple : lever le moteur de notre dinghy (80 livres) et le placer sur le balcon arrière, lever et garder en place notre dinghy (200 livres) pendant la navigation, supporter les deux panneaux solaires, le radar, l’éolienne, le coupleur d’antenne de la radio amateur, l’antenne Wi-Fi et celle du transpondeur AIS. En bref, cette arche avait besoin d’être redressée et les fixtures de tous les accessoires refaites, voire repensées. Merci Irma.

Étant donné l’envergure des réparations, nous avons donc fait appel à un atelier spécialisé en usinage et en gréement marin à Sint Maarten (côté hollandais), soit l’entreprise f.k.g. Nous sommes à leur quai depuis plus d’une semaine alors que nous pensions en avoir pour trois jours.

D’emblée, l’atelier est resté incrédule n’ayant jamais vu le concept d’ancrage à « rotule » de notre arche. Ces ancrages sont en général fixes sur le pont et le tableau arrière. Des questionnements ont suivi, à savoir le démontage complet ou non de la structure pour fins de réparation. Certaines des « rotules » semblaient s’être déformées sous l’effort du vent pendant Irma. Finalement, c’est le démontage complet qui l’a emporté. De plus, l’atelier a fortement recommandé de souder les « rotules » de l’arche.

Pour ce faire, Paul a déboulonné les quatre boulons des quatre ancrages. Un exercice qui a nécessité des contorsions dignes d’un acrobate du Cirque du soleil afin d’atteindre les fameux boulons, logés dans des endroits très exigus. Ma contribution fut modeste, si ce n’est que de retenir la tête des boulons avec un outil pendant que Paul faisait le reste. Ensuite, ce fut le levage de l’arche à l’aide d’un chariot élévateur. Comme des essais ont dû être réalisés, l’arche a été temporairement démontée et montée à trois reprises. Alors, boulonne et déboulonne !

Pendant tout ce temps-là, nous avons eu l’occasion d’échanger et de côtoyer les employés de l’atelier. Ça bourdonne d’activités dans cet atelier. Un constant va-et-vient y règne. Cette fois-ci, c’est un cadeau d’Irma. Les voiliers de la flotte The Moorings se font poser des nouveaux mâts, en chaîne. En deux temps, trois mouvements, tout est installé. Et hop, on quitte le quai et on passe au suivant !

Pôpa de Sint Maarten
Les travailleurs, tout comme les patrons de l’atelier, sont toujours de bonne humeur et courtois. C’est là que nous avons rencontré Pôpa. C’est comme ça qu’il s’appelle. Rien à voir avec celui de notre Mômman du Québec, mais tout aussi particulier en son genre. À prime abord, il semblait timide… il s’est avéré sympathique et attachant. Âgé de 68 ans, il travaille encore. À travers nos échanges un peu difficiles en raison d’un mélange de patois jamaïcain et de quelques mots d’anglais, nous avons compris que sa vie n’est pas toujours facile. Entre autres, sa maison semble avoir subi des dommages.

C’est Pôpa qui, mine de rien, découvre que les filets des nouveaux écrous ne sont pas compatibles avec ceux des nouveaux boulons ! L’un est métrique alors que l’autre est impérial. Voici la raison pour laquelle plusieurs de ces gros boulons nous ont donnés tant de problèmes. Ils devenaient crochus ou se cassaient. Preuve qu’il faut doublement vérifier au magasin.

Un coup l’arche rendue à l’atelier, notre partie du travail n’était pas terminée. Une douzaine de fils passent à l’intérieur des tuyaux de l’arche. Ils permettent aux accessoires d’être reliées à l’électricité et d’assurer leurs connexions. Il a fallu les ficher, un par un, à l’aide d’un fil de fer et non d’un cordage. Autrement, lors du soudage le cordage aurait brûlé. Nous avons donc repris une partie de notre travail. Pôpa, lui, jetait un coup d’œil dans notre direction tout en s’appliquant à polir toutes sortes de pièces de métal. Je lui ai demandé s’il voulait bien prendre une photo avec Paul. À ce moment-là, je pense qu’il nous a définitivement adoptés !

Finalement, notre arche a été réinstallée mais notre travail est loin d’être fini. Paul doit fixer les panneaux solaires, le nouveau radar, ainsi que la nouvelle éolienne et antenne AIS, etc. Sans oublier de repasser tous le fils, les rebrancher et faire les connexions. Toutes des petites jobs de cinq minutes… Vous aurez compris que ce sont des heures de plaisir qui nous attendent !