Maintenant qu’Irma est passée en dévastant Saint-Martin et ses gens, l’heure est à la reconstruction. Nombre de citoyens mettent actuellement l’épaule à la roue afin de nettoyer, de déblayer et d’essayer de retrouver un semblant de « vie normale ». J’espère que les autorités françaises demeureront fidèles à leurs promesses devant tant de détresse humaine et matérielle. Ceci vaut évidemment pour l’île voisine de Saint-Barthélemy.

Pour Paul et moi, Saint-Martin représente un jalon spécial de notre voyage. Après un long périple, nous avons jeté l’ancre tôt, le matin du 21 mars dernier, dans la grande baie de Marigot à Saint-Martin. Après 6 mois de navigation, nous avions atteint la première île française des Antilles. Nous allions retrouver les croissants, les petits pains au chocolat, les baguettes, les bons restaurants, etc. Enfin bref, le « fait français » et son rayonnement. C’est aussi à Saint-Martin que nous avons décidé de laisser notre voilier, conscients que nous étions dans une zone cyclonique de juin à novembre. Toutefois, toutes les précautions ont été prises afin de bien sécuriser notre voilier : exigences du chantier et des assurances.

Devant l’ampleur de la tâche qui attend les collectivités touchées par l’ouragan, connaître l’état de notre voilier était devenu quelque peu secondaire. L’humain, dans n’importe quelle circonstance, s’élève toujours au premier rang. Bien sûr, BLÜ a été notre maison pendant 6 mois et nous a permis de faire une longue route, en plus de nous faire vivre de très beaux moments. On s’entend, il était normal de n’avoir aucune nouvelle sur son état. Toutefois, j’effectuais des recherches dans le Web, à l’affût ne serait-ce que d’une image ou d’une mention quelconque afin d’obtenir un indice, si petit soit-il. Mais tout ceci ne donnait rien, jusqu’à hier.

Une vidéo choc
Finalement, Twitter a été la plateforme qui m’a permis de trouver une vidéo réalisée à l’aide d’un drone par David Duong, un évaluateur maritime certifié de Saint-Marteen. Le titre de cette vidéo, Hurricane Irma Damages to Yards and Marinas in Marigot, St-Martin, FWI, était un prélude à ce que je m’apprêtais à voir.

Sans équivoque ni ambiguïté quant aux lieux qui m’étaient familiers, j’ai découvert l’ampleur de la désolation du centre-ville de Marigot. La qualité de l’image et la proximité du capteur du drone rendent davantage effroyable la triste réalité de la situation. Les arbres couchés et étêtés, les toitures fracassées, les rues jonchées de débris, les marinas sens dessus dessous, les bateaux éventrés, mâts cassés, couchés sur leur côté et les uns sur les autres, dont certains ont coulé.

Tout à coup, je reconnais le pont levis de Sandy Ground et le chantier naval Polypat où BLÜ est entreposée. Mon cœur s’emballe.

D’emblée, je remarque les bateaux à proximité du rivage. Plusieurs sont malheureusement en mauvaise posture. On aperçoit la grue dont la tour a été remisée en position couchée. De l’autre côté du chantier, les deux rangées de quillards et les mâts entassés sur le container ne paraissent pas avoir bougé. Je reconnais BLÜ ! Notre voilier s’en est tiré.

Pour visualiser la vidéo réalisée par David Duong, St-Martin Marine Surveyor, cliquez ici. BLÜ est visible à 3:56 et 4:32.