Deux mois après le passage d’Irma, une escapade à Saint-Martin afin d’évaluer les dommages sur BLÜ m’a permis de prendre la pleine mesure de la situation.
En résumé, BLÜ qui trônait bien attachée sur son ber l’a échappée belle. Dans les circonstances, les dommages ne sont pas majeurs et portent essentiellement sur diverses structures en inox : balcon avant tordu tout comme quelques chandeliers, des ecchymoses sur le pont, l’éolienne envolée, le radar détruit, etc.
- Le coin des Québécois avec BLÜ et Princess Kiwi sur leur ber.
- Mât de l’éolienne et support des panneaux solaires doivent être redressés.
- Fini le radar !
- Ouf, le mât et l’enrouleur sains et saufs.
Des dégâts matériels importants
Pour nous qui sommes de passage, cette casse n’est rien comparativement au ravage que les résidents affrontent courageusement depuis plusieurs semaines. Beaucoup ont tout perdu ou subi des dommages importants : maison, voiture, etc.
L’arrivée à l’aéroport est un prélude à ce que j’allais constater le long de la route, alors que la procédure des douanes se déroule sous un chapiteau et que les valises sont empilées pêle-mêle sur une remorque. Nous devons identifier notre bagage afin qu’un commis nous l’apporte. Le système D fonctionne bien.
En route vers Marigot, j’aperçois des toits éventrés, abrités par des bâches. Et dire que nous craignons la moindre moisissure ! La plupart des hôtels sont détruits, sans parler des voitures virées à l’envers. D’autres véhicules ayant eu plus de chance sont endommagés et plusieurs ont remplacé leur vitre par un plastique. L’Agence France Presse (AFP) rapporte que 65 % des 4 600 véhicules assurés sont à l’état d’épaves. Des montagnes de résidus sont entassées un peu partout sur le parcours. Vraiment triste à voir.
- Voitures endommagées et ma voiture de location.
- Marina, quartier de Sandy Ground.
- Anse aux sables, côté plage.
Une population qui s’active
Encore plus triste, le nombre de personnes ayant perdu la vie. La version officielle des autorités est de sept, mais des rumeurs circulent à l’effet qu’il y en aurait beaucoup plus… Personnellement, j’ai l’habitude de traiter les rumeurs avec beaucoup de méfiance mais dans ce cas-ci, le chiffre de sept m’apparaît, disons, incroyablement miraculeux.
Toujours selon l’AFP, seulement 81 % de la population a récupéré l’eau courante. Un peu partout, des travailleurs s’affairent à remonter les poteaux électriques. Des camions circulent avec des matériaux de construction alors que d’autres sont chargés à bloc afin de débarrasser l’île, petit à petit, de ses tonnes de détritus. Il y a tant à faire.
Le tourisme nautique se réorganise
Saint-Martin est une île reconnue pour l’importance du tourisme nautique. L’apport de cette industrie engendre des retombées socio-économiques importantes. Toutefois, Irma a asséné un dur coup à l’île. Selon la Fédération des Industries Nautiques (FIN) française, Saint-Martin a perdu 70 % de son secteur nautique. De nombreux bâtiments, infrastructures et équipements ont été démolis. Plus de 1 000 bateaux de plaisance sont sinistrés, dont la moitié à l’état d’épaves. Cette première vidéo donne une idée de la situation actuelle au centre-ville de Marigot alors que celle-ci fait état des environs de Sandy Ground, non loin de la marina La Royale.
En bord de mer, on ne peut que constater cet état de fait. Beaucoup de bateaux ont coulé, de gros voiliers et catamarans se retrouvent à l’envers, d’autres sont empilés les uns sur les autres, sans oublier la quantité de mâts cassés.
Le chantier Polypat où est entreposée BLÜ semble être un des moins affectés en ce qui concerne les dommages; chapeau aux proprios, Fred et Béatrice qui ont accompli un travail remarquable et qui poursuivent avec ardeur la remise en état des lieux de leur chantier. À côté, le petit atelier de Terry, dont la spécialité est la fabrication de structures en inox, a cependant été détruit et ses machines ont été inondées d’eau salée. Il ne sera pas opérationnel avant un autre mois.
- Voiliers échoués en pleine ville.
- Chantier Polypat : vue générale
- Chantier Polypat : quelques bateaux n’ayant pas survécu.
- Pont levis de Sandy Ground.
En ce qui concerne les magasins d’équipements nautiques, L’île Marine est ouverte même si on doit se faufiler entre quelques seaux qui recueillent l’eau dégouttant du plafond. Du coté hollandais, Budget Marine et Island Water World sont ouverts et ne manquent de rien. J’ai trouvé un atelier d’inox tout à fait fonctionnel avec des places à quai et prêt à recevoir BLÜ. Le petit pont levis de Sandy Ground est hors service. Les autorités sont en « mode travail » mais attendraient des pièces pour compléter la réparation. Du coté hollandais, les informations quant aux deux ponts levis sont contradictoires.
Les marinas Fort Louis et La Royale ne sont pas opérationnelles pour le moment. La baie de Marigot tentait de recouvrer un paysage un peu plus familier avec une vingtaine de bateaux au mouillage. En temps normal, cette baie mythique accueille sûrement plus d’une centaine de bateaux.
Au centre-ville, deux petits bistrots sont ouverts, dont le Bistro de la Mer. Les moules et les frites y sont excellentes ! Quant aux restaurants autour de La Royale, un seul est ouvert le soir… mais il faut être brave pour y aller car les rues ne sont pas éclairées. La noirceur y est totale. Pour les petits-dej., comme disent les français, et le lunch, une petite crêperie vous accueille chaleureusement. On y mange sur la terrasse donnant sur la marina, presque vide.
- Nov. 2017 : Baie de Marigot.
- Nov. 2017 : Marina La Royale et la crêperie fort sympathique.
- Nov. 2017 : Un des restos, Marina La Royale.
- Mars 2017 : Belle soirée en compagnie de Patrice, Mireille et André, Resto dans Marina La Royale.
L’épicerie Super U est ouverte et fonctionne normalement. Elle est bien approvisionnée. Pour le transport aérien, Air Canada et Air Transat ont annulé leurs vols pour cet hiver. Les canadiens doivent donc se rabattre sur American Airlines et Delta. Les chambres d’hôtel sont très rares. L’île n’est pas prête à recevoir des touristes. Étrangement, la location de voiture ne cause pas de problème et les prix sont raisonnables et comparables aux États-Unis.
Courage et fierté de la population
Saint-Martin est certes méconnaissable. Malgré cette situation, l’île se relève. Les gens semblent résilients. Ils ont conservé leur fierté et beaucoup vous saluent avec le sourire. Sans oublier le courage et la volonté de la population pour rebâtir l’île afin qu’elle retrouve sa vigueur et sa joie de vivre.
Paul’Eau