BLÜ

COMME OCÉAN


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VIVEMENT LA GUADELOUPE !

Après 11 heures de navigation, nous faisons notre entrée en Guadeloupe, à Deshaies. Ce fut une belle traversée au vent de travers, parfois au près bon plein, BLÜ filant souvent à 7 nœuds. Mais, à quelques reprises, le vent nous a été infidèle. Nous aussi, nous avons commis quelques incartades en tournant la clé du moteur, non sans quelques pincements au cœur. Finalement, ce fut sans regret car nous avons pu conserver notre tempo et arriver à destination à la clarté.

À Deshaies, nous avons renoué avec les croissants et les petits pains au chocolat qu’on dévore assis à une petite table avec notre café, presque dans la rue. C’est un rituel, tous les matins, les gens font la queue à la boulangerie du Fournil de la côte, à quelques pas du quai à dinghy. On y trouve des habitués mais aussi de nombreux navigateurs, ravis comme nous de se trouver dans un endroit aussi charmant et béni des Dieux. Tout est mignon et authentique à Deshaies. Les petites rues, les boutiques, les cafés, les épiceries, les petits marchés de fruits et légumes, les restaurants, etc. Chez Lelette, un des restos de style abordable, on y cuit du poulet boucané sur charbon de bois presque dans la rue. Dommage, il n’en restait plus lorsque nous y sommes repassés.

Après avoir quitté Deshaies, nous nous arrêtons au sud de la Pointe de Malendure. Un mouillage paisible, face à l’île Pigeon, dite le parc Cousteau, prisée pour la plongée sous-marine et en apnée. Nous avons préféré profiter de l’après-midi pour nous baigner et relaxer.

Une Guadeloupe nourricière
Naviguer le long de la côte ouest de la Guadeloupe est un réel plaisir. La végétation est luxuriante. Les plages sont bordées de palmiers et de cocotiers. Le sable est doré, parfois même brun. Les maisons ceinturent la montagne, aucune ne touche le ciel ; tout s’intègre et s’emboîte de façon harmonieuse, à l’image des insulaires qui y vivent. Ici, il règne une nonchalance innée et saine qui nous ramène à l’échelle humaine.

Parfois, la montagne cède du terrain à des plateaux verdoyants, propices à l’agriculture. Vu de la mer, il est extraordinaire de constater à quel point la Guadeloupe a de la chance. Elle possède une terre et une mer avantageusement nourricière. La qualité et la quantité de fruits et légumes font envie comparativement à certaines îles qui souffrent d’un véritable désert alimentaire. Du côté pêcherie, c’est à l’avenant. D’ailleurs, les restaurants se font un honneur d’inscrire à leur menu une belle variété de fruits de mer et de poissons apprêtés traditionnellement.

Comme navigateur, cette mer nourricière – que nous apprécions et respectons par ailleurs – nous donne quelques fils à retordre. La côte est en effet parsemée de filets signalés par des flotteurs. Parfois, nous apercevons les pêcheurs sur leur barque venir y récolter les fruits de leur labeur. Rien à voir avec la pêche commerciale. Quoique notre voilier soit muni d’un coupe orin, nous ne voulons en aucun cas nous retrouver dans les mailles d’un filet. Notre expérience lors de la traversée du Mona passage nous a marqués, même si les Fish aggregating device (FAD) n’ont rien à voir avec ces filets plus inoffensifs.

Nous devons donc assurer une bonne vigie afin de repérer les flotteurs qui se trouvent sur notre trajet. Comme moussaillonne, j’assume ce rôle. Cette tâche requiert beaucoup d’attention car les flotteurs sont en général constitués de petites boules blanches qui se dandinent et se cachent avec la vague. Parfois, elles se confondent avec les moutons blancs de la mer.

J’aime bien effectuer la vigie sur le pont car j’ai une vision à 180 degrés. Je dois alors indiquer à mon capitaine la position des flotteurs, entre 9 heures à bâbord et 15 heures à tribord, midi étant la position du bateau vis-à-vis la proue. Assise à la base du mât, à proximité des haubans, je me sens en sécurité. J’apprécie aussi ces moments où je m’isole un peu. J’admire alors l’immensité et la puissance de la mer alors que le vent fouette gentiment mon visage. Parfois, je m’égare pour quelques brefs instants de contemplation.

Nuit blanche aux Saintes
Nous étions en navigation vers Les Saintes. Après Basse-Terre, de mon poste de vigie j’ai regagné le cockpit. Le vent s’est mis à souffler et les vagues à se creuser. Sur une dizaine de miles nautiques, nous avons navigué sur une mer agitée face à un vent de 25 nœuds et des rafales soutenues à 30 nœuds. À quelques reprises, de fortes vagues sont venues finir leur course dans le cockpit où nous les avons reçues en plein visage. C’était bien rafraîchissant !

Arrivés à l’île de Terre d’en Haut, nous pensions que le calme reviendrait. Il n’en était rien. De plus, aucun mooring n’était libre dans la baie de Bourg des Saintes. Nous explorons donc l’île Terre d’en Bas, même situation. À 75 pieds de profond, il n’était pas question de nous y ancrer. Nous rebroussons chemin vers le Bourg des Saintes pour nous ancrer dans 30 pieds. Nous laissons la chaîne filer et, par mesure de sécurité, avons largué les 200 pieds. En général, c’est du 5 pour 1. Mon capitaine a passé une grande partie de la nuit dans le cockpit afin de surveiller la situation, notre bateau mais aussi les autres.

On en rêvait des Saintes. Mais il faudra attendre que ce front venu de l’Atlantique se calme pour faire sa connaissance. Pour l’instant, nous regardons l’île à bord de BLÜ en se faisant « brasser ».