BLÜ

COMME OCÉAN


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Carriacou, l’île tranquille et pittoresque

Après quelques semaines de bichonnage sur l’île de Grenade, BLÜ étant en pleine forme, le capitaine et l’amirale n’avaient qu’une hâte, lever les voiles ! Première véritable navigation : cap sur la baie de Tyrrell, île de Carriacou, à 37 miles nautiques (67 km) au nord de la baie de Prickly. Carriacou fait partie de l’état insulaire de la Grenade qui comprend plusieurs autres petites îles. Elle fut d’abord habitée par les amérindiens Arawaks et Caraïbes qui nommèrent Carriacou « pays des récifs »; d’autres prétendent qu’elle s’appelait Kari Aku en taïno[i] qui signifie « Œil du seigneur ». Carriacou est une île tranquille, connue pour ses récifs et son eau claire; elle est d’ailleurs très prisée par les amateurs de plongée sous-marine et en apnée.

Après un peu plus de six heures de belle voile, en flottille avec Catmarraine (Gilles) et San Flo (Serge et Diane), nous mouillions l’ancre dans le sable de la baie de Tyrell, à environ vingt-cinq pieds de profondeur. Il faut dire qu’après deux ans sans naviguer, cette première petite traversée est arrivée comme une bénédiction. Pardonnez-moi l’emprunt ostentatoire de ce terme au langage religieux !

Plus petite, l’île est moins fréquentée que Grenade. Elle se veut authentique et discrète. Rustique également, elle offre de belles plages de sable blanc. Nous ne la connaissions pas vraiment et ce fut un plaisir de l’explorer davantage. L’accueil fut proverbial. Dès notre arrivée, deux pêcheurs s’approchent en chaloupe; en quelques minutes, nous faisons monter à bord deux grosses langoustes bien vivantes. Elles gigotent, bien serrées dans une grande chaudière, en attendant un petit festin !

En quelques minutes, nous traversons la baie en annexe et l’amarrons à un vieux quai rafistolé qui, par ailleurs, n’a rien perdu de son cachet. Nous arrivons directement sur la rue principale. Coup d’œil magnifique sur la baie avec tous ces voiliers qui sommeillent et se balancent. L’endroit est pittoresque. Sur la rue, de petits commerces se succèdent avec leurs étals de fruits et légumes; il y a aussi la plus grande épicerie, Alexis. En chemin, de belles maisons côtoient d’autres plus modestes. Parfois, nous croisons des petits troupeaux de chèvres; paisiblement, elles s’emploient à contribuer à l’effort climatique en broutant la verdure dans les jardins. Ici, nul besoin d’une tapageuse tondeuse à essence.

Sandy Island, l’île voisine

De retour à nos voiliers, nous décidons de bouger vers Sandy Island, à un jet de pierre de la baie de Tyrell. Ce petit îlot de sable est un bijou pour la plongée en apnée, recouvert de cocotiers et entouré de coraux. C’est un lieu inhabité et protégé. Nous attachons notre voilier à une bouée d’amarrage (mooring); l’ancrage est toléré à une certaine distance de l’île pour protéger les coraux. Et hop, la flottille s’empresse d’embarquer dans l’annexe, de l’échouer directement sur la plage et d’explorer les coraux.

Sandy Island, Grenade

Contrairement aux années précédentes, la petite île est quasi-déserte. Les crabes Bernard-l’hermite se sont d’ailleurs appropriés l’île. L’achalandage y est beaucoup moins grand, en raison de la situation liée à la Covid-19. De plus, finis les repas de langoustes et de poissons grillés au barbecue les pieds dans le sable, préparés par les locaux. Les tables à pique-nique ont disparu, tout comme notre projet de tenir les agapes entre amis sur l’île, avec nos propres langoustes pour le souper. Rien n’étant à notre épreuve, elles se feront badigeonner et griller sur le barbecue du bateau. La fête est toujours synonyme de bien manger et nous profitons de chaque occasion pour honorer ce que la terre et, surtout la mer, nous apportent.

De retour sur le bateau, Paul « organise » les bêtes; je les badigeonne copieusement avec une marinade de beurre, d’huile d’olive, de jus de citron, d’ail (du Québec en pot), de sel, de poivre, de coriandre, de thym; Paul officie à titre de maître ès barbecue. Gilles prépare le basmati, comme lui seul sait le faire; un soupçon de gingembre, le tout mitonné sous son œil attentif. Ce fut toute une soirée qui s’est terminée avec un rituel qui ne se perd pas, les bananes au rhum, garnies de crème chantilly.

Les langoustes étant très en chair, la demie fut suffisante pour se sentir repus. Comme il n’était pas question de gaspillage, les « restants » ont été apprêtés pour en faire des sandwichs à la langouste (lobster rolls). Le lendemain, c’est sur l’île que nous avons lunché, les pieds dans le sable.

Aujourd’hui dimanche, de retour dans la baie de Tyrell, nous nous reposons. Demain matin, nous subirons un test désagréable, le PCR ! L’équipage de BLÜ et Catmarraine compte en effet retrouver la Martinique en faisant escale d’abord à Bequia, une île faisant partie des Grenadines, et le lendemain aux Pitons, à Sainte-Lucie. Nous demeurerons toutefois sur nos voiliers respectifs, tant à Bequia qu’aux Pitons, car nous nous y arrêterons sous drapeau jaune, c’est-à-dire sans dédouaner.

À bientôt en Martinique, d’autres petits festins nous attendent !

[i] Le taïno est une langue arawakienne qui était parlée par les Taïnos, un peuple indigène des Caraïbes.