Après trois belles journées de navigation sportive en flottille avec le voilier Catmarraine (Gilles), nous voici en Martinique depuis un peu plus d’une semaine. Nous pouvons dire qu’en quittant Tyrrell Bay (Grenade), nous sommes passés en coup de vent à Bequia (Saint-Vincent et les Grenadines) après avoir parcouru 38 MN[i] (70 km), pour ensuite mettre le cap sur Rodney Bay (Sainte-Lucie, 68 MN/130 km) et enfin, joindre la Martinique après une dernière navigation de 22 MN (40 km) plus au nord.
Lors des deux premiers arrêts, pas question de descendre sur la terre ferme. Dans notre langage, nous étions sous drapeau jaune, soit sans l’obligation de dédouaner, excepté en Martinique. En ces temps de Covid-19, un test PCR étant requis pour chaque séjour sur une île différente, nous ne voulions pas multiplier ce désagréable moment, si compatissant et délicat soit le personnel infirmier qui, inlassablement, l’administre depuis près de deux années. Une fois à Tyrrell Bay, ce fut amplement suffisant de le subir. Pour paraphraser un bon ami, nous vivons à une époque où être négatif, c’est positif. Quel monde à l’envers !




Le « monde », lui, à Sainte-Anne n’est pas du tout à l’envers. Il est demeuré le même : authentique et accueillant. Le village comble tous nos besoins et nos petites envies au quotidien. Nous avons retrouvé notre boulangerie-pâtisserie, Chérie Doudou, où les locaux, comme les touristes, attendent en file tous les matins pour leurs croissants et autres viennoiseries, ainsi que le bon pain. Paille Coco, notre petit resto favori du coin, notamment pour les accras de morue, les tartares et la coupe « Chaleur des îles », composée de crème glacée au rhum et raisins et de vanille, ainsi que de crème chantilly, copieusement arrosée de rhum vieux. C’est le summum ! Le soir venu, si le 5 à 7 n’a pas lieu sur un voilier, il se partage entre La Martine, un bistro sans prétention qui tient boutique directement sur la rue, ou l’hôtel intemporel de La Dunette. Deux épiceries de quartier offrent des étagères bien garnies. Le petit marché de Sainte-Anne, quoique comptant moins d’étals qu’il y a deux ans, répond toujours présent. Quant aux pêcheurs, ils disposent d’un espace dédié à l’arrivage de poissons frais. Un autre attrait non négligeable qu’offre la Martinique, c’est l’accès à tous les commerces et professionnels techniques du domaine nautique, en l’occurrence au Marin. Ici, nous ne sommes jamais pris au dépourvu. Il faut savoir que séjourner sur un voilier, cela signifie que nous avons toujours un projet d’amélioration ou de réparation en cours.




Ces quelques semaines au cœur de l’Arc Antillais constituent une période où nous vivons un peu en dilettante, au gré du rythme du Sud. Les journées s’égrènent doucement et nous savourons chaque moment. Que nous soyons sur l’eau ou sur la terre, nous adorons la Martinique. Elle offre beaucoup pour nous, Québécois. Ceci, au-delà de pouvoir s’exprimer dans notre belle langue commune, le français. C’est probablement le mélange de culture française et créole qui nous plaît. C’est aussi l’accueil et la gentillesse des gens avec qui les échanges sont faciles et agréables. La qualité, la diversité et la disponibilité de la ressource alimentaire. La beauté du paysage escarpé qui se marie avec des collines au relief plus arrondi, propice à l’agriculture. Les superbes plages et les petites baies, ainsi que la végétation luxuriante.




En termes de loisirs, les possibilités demeurent nombreuses et les randonnées en font résolument parti. Hier, nous avons marché environ huit kilomètres (aller et retour) pour atteindre la Grande Anse des Salines, située à l’extrémité Sud de l’île. Au départ de l’Anse Caritan, le sentier est balisé et il surplombe la mer; le plus haut point culmine à la Pointe Dunkerque à environ 20 mètres d’altitude. Nous passons par des sous-bois et une mangrove. Le paysage est magnifique, il est bordé de plusieurs petites plages – l’Anse Meunier, la Pointe Catherine et les Petites Salines, toutes très tranquilles – pour enfin arriver à la Grande Anse des Salines, plus animée. Plusieurs petites buvettes et restaurants sympathiques de type « pieds dans le sable » offrent des menus locaux. Si nous n’avons pas encore profité d’une baignade durant le parcours, pas de souci, la plage de Grande Anse, incontournable, nous attend.




À bientôt, pour une autre randonnée en Martinique !




[i] Un mile nautique équivaut à 1,852 kilomètre.