BLÜ

COMME OCÉAN

Rebonjour Grenade !

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Mars 2020, nous quittions l’île de Grenade en catastrophe pour attraper un des tout derniers vols nous ramenant au bercail, Covid-19 oblige. En moins de vingt-quatre heures, les travaux de remisage de BLÜ étaient bouclés; en général, cinq jours sont nécessaires. Vingt-et-un mois plus tard et une saison de voile en moins, le temps des grandes retrouvailles était arrivé. C’est donc avec enthousiasme que nous sommes revenus sur l’île, vers les endroits familiers que nous appréciions.

Les travaux d’abord

Mais avant de profiter de quelque plaisir que ce soit, tant sur terre que sur mer, beaucoup de travail nous attendait. Il fallait préparer BLÜ pour sa mise à l’eau. D’abord, le remplacement du joint d’étanchéité de l’arbre d’hélice (shaft seal) était déjà au programme. Cette pièce empêche l’eau de mer de rentrer dans le compartiment moteur par l’arbre. Elle doit normalement être changée à tous les cinq ans; nous ne l’avions jamais remplacé en 10 ans, par méconnaissance.

Disconnecter l’accouplement de l’arbre de l’hélice, ne fut pas de tout repos. Il était solidement coincé. Le mécanicien et son apprenti y cognaient allègrement à coups de marteau tout en enduisant copieusement de l’huile pénétrante, sans succès. Finalement, pour en venir à bout, ils installèrent un espacement temporaire pour improviser un puller afin d’extraire la pièce. L’opération terminée, les filets de l’arbre étaient endommagés. C’est l’arbre au complet qui a dû être sorti de son compartiment (tube étambot) afin de refaire les filets en atelier. Durée de l’opération : une semaine, le temps normal au rythme du Sud. Toute une semaine durant laquelle nous ne pouvions presque rien organiser ni nettoyer à l’intérieur du bateau, sens dessus dessous.

Sept jours plus tard, après que BLÜ fut propre et que d’autres travaux d’entretien aient été réalisés, incluant une couche de peinture antisalissure sous la coque, le remplacement du passe-coque de la toilette, le nettoyage complet à l’intérieur et celui du teck à l’extérieur, etc., la mise à l’eau était enfin planifiée. C’est donc avec fébrilité que BLÜ est retournée dans son élément naturel. Le capitaine était fier à la barre, mais 30 minutes après notre ancrage dans la belle baie de Prickly, la pompe de calle déclenche. L’eau de mer entrait à tout rompre dans les compartiments de calle du bateau! Vite, nous vérifions tous les passes-coque pour finalement découvrir le coupable : le filtre d’entrée d’eau de mer du désalinisateur. Il avait été enlevé et la valve du passe-coque était en position ouverte. Paul a immédiatement fermé la valve afin de stopper l’hémorragie. Lors du remisage, nous avions enlevé le filtre pour le nettoyer… et la valve était restée en position ouverte.

Cet incident réglé, nous étions prêts à adopter le rythme des vacances et de faire la Bella Vita.  Mais, nous nous étions emballés un peu trop vite. Les vingt-et-un mois d’inaction avaient fait leur œuvre et nous allions le découvrir assez rapidement. La corrosion, combinée à l’usure du temps, alliée au fait que divers équipements du bateau sont demeurés en dormance pendant de longs mois à des températures atteignant parfois plus de 40° C, allaient nous donner du fil à retordre.

D’abord, le moteur hors-bord de notre annexe. Ce précieux équipement qui permet de nous transporter de la mer à la terre et vice-versa, ne voulait pas coopérer. Bien que le moteur ait démarré, aucune eau de refroidissement n’était pompée. Après avoir remplacé la turbine de la pompe de refroidissement du moteur (impeller), en penchant le hors-bord du mauvais côté, de l’huile s’est infiltrée dans le cylindre. Résultat : le cordon de démarrage était bloqué. Le capitaine a pensé au pire, craignant que le moteur soit saisi. Nous étions sur l’eau et l’opération de levage du moteur de 41 kg devenait périlleuse, même en utilisant le palan (poulies décommandées). Mais, rien n’étant à l’épreuve de mon capitaine, il persista et le troisième essai fut le bon. En enlevant les bougies dans le but d’injecter de l’huile, Paul constata qu’il y avait déjà de l’huile qui bloquait la compression. Changement de bougies et le tour était joué, non sans contorsions et en prime, un bon coup de soleil.

Ensuite, d’autres tracas nous attendaient. C’était au tour du propane. Le gaz ne se rendait pas à la cuisinière. Après avoir combattu pour couper les boulons avec l’outil dremel, Paul a remplacé le régulateur corrodé et a nettoyé le plongeur du solénoïde (plonger), la pièce interne étant coincée.

La toilette de la cabine avant attendait son tour, alors que plusieurs clapets déformés et séchés avec le temps ont nécessité le changement de plusieurs joints toriques (O-ring). Ensuite, le boitier d’affichage et de contrôle du pilote automatique Raymarine avait hâte de se manifester et de montrer son écran, brûlé par le soleil, bien que notre console fût couverte d’une toile. Heureusement, le pilote fonctionne, les boutons de commande sont opérationnels mais nous n’avons pas d’affichage.

Nous étions à l’eau depuis trois jours et il nous tardait de débuter la production d’eau grâce au désalinisateur. Cette fois-ci, c’était au boitier contenant la pompe haute pression à clore la danse des défectuosités. Il a subi les affres de la corrosion, même à l’intérieur du bateau. Nous devons remplacer ce boitier ou le faire réparer. Heureusement, il y a un agent Spectra à Saint-George. En attendant, nous avons rempli nos réservoirs à la marina et gérons attentivement notre consommation d’eau.

Comme si ces travaux n’étaient pas suffisants, n’écoutant que son courage, Paul a remplacé les deux panneaux solaires et a réparé l’éolienne dont le pont de diodes était défectueux. Grâce à l’aide des amis, Gilles (Catmarraine), Serge (Sanflo) et Guy (Entomo), tout était fonctionnel dans la même journée.

 

Les premières semaines de retour dans les Caraibes ont donc été mouvementées. Toutefois, je m’en voudrais de passer sous silence le principal : la chance d’avoir à mes côtés Paul. D’emblée, de par sa formation d’ingénieur électrique, il possède beaucoup de connaissances en électricité, mais plus encore. Il a toujours eu de l’intérêt pour tout ce qui est lié à la technique, aux systèmes, etc. Il a de la facilité non seulement à analyser et comprendre les problèmes techniques, mais aussi à trouver les solutions et à les mettre en œuvre. Je me sens toujours en confiance avec lui. Nous sommes donc passés à travers de moments parfois éprouvants, mais avons fini l’année de façon agréable.

Le plaisir ensuite

À l’approche de Noël et du 31 décembre, le ravitaillement était devenu la priorité. Nous sommes choyés, car à Saint-George et aux alentours, nous ne manquons de rien. Nous avons également découvert quelques nouveaux endroits, dont le site du Phare bleu, digne d’un paysage de carte-postale. Ce site comprend une très belle petite marina, un petit complexe hôtelier, un restaurant et plusieurs boutiques, dont deux tenues par des Québécois. D’abord, Meat & Meet, situé auparavant à Whisper Cove. Ce commerce est un petit bijou, tant pour la qualité des aliments que son aménagement chaleureux et intimiste. Gilles et Marie offrent un éventail d’excellents produits : viande, charcuterie, fromages, pain frais et mets préparés cuits sur place, légumes, vin, produits fins, conserves, etc. Quant à La Belle Vie Café, le commerce a été ouvert par un jeune couple dynamique et sympathique, Annie et Marc-André, qui s’est installé à Grenade il y a environ deux ans. Ils préparent les meilleurs cafés sur l’île, qu’il s’agisse d’espresso, de capuccino ou de café latte, chaud ou froid, en plus des viennoiseries, de sandwichs et des jus de fruits maison concoctés avec des ingrédients locaux. C’est l’endroit idéal pour le petit-déjeuner.

Et la Covid-19 ?

Bien sûr, la Covid-19 frappe également les différentes îles des Antilles. Depuis l’apparition du variant Omicron, nous notons une augmentation des cas. Pour l’instant, aucun couvre-feu n’a été décrété. Nous respectons les règles établies par les autorités gouvernementales : distanciation physique, port du masque, lavage des mains, prise de température et inscription au registre dans tous les commerces et restaurants, etc. Environ 36 % de la population est totalement vaccinée. Grenade continue d’inciter ses citoyens à la vaccination et offre l’administration de la troisième dose à tous sans rendez-vous, incluant aux visiteurs. Nous avons donc obtenu notre rappel (booster) Pfizer dix jours après notre arrivée, simplement sur présentation de notre passeport et preuve vaccinale. Ce fut d’une efficacité incroyable !

Par ailleurs, nous évitons les contacts et demeurons vigilants. Notre petit groupe de « voileux » Québécois forme en quelque sorte une petite bulle familiale avec qui nous avons beaucoup de plaisir. Ceci ne nous empêche pas de suivre la situation au Québec et ailleurs dans le monde. Nous pensons à nos familles et amis ; nous espérons qu’en partageant un peu de notre vécu, nous vous apporterons un peu de chaleur.

Pour l’instant, nous demeurons sur l’île de Grenade et explorons différents endroits. Nous profitons du soleil, de la baignade et des rencontres entre amis. Selon l’évolution de la situation, nous évaluerons les possibilités de naviguer vers d’autres îles, particulièrement la Martinique que nous affectionnons également.

Suivez-nous, la saison 2022 a débuté !

Auteur : Marlène

Professionnelle en relations publiques, passionnée de voile et auteure.

3 réflexions sur “Rebonjour Grenade !

  1. Bonjour Marlène,

    Ton récit est très très bien détaillé. Je ne sais pas si les amis qui vous suivent ont toutes les connaissances, et surtout la patience, pour parcourir ce chemin avant de protifer de la Bella Vista.!!! Chose certaine, vous l’avez plus que méritez. Alors jouissez bien maintenant de cette belle fenêtre de qui s’ouvre devant nous pour les prochains mois, ici et en Martinique.

    en toute amitié Guylaine xx

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  2. Quel retour! Bravo à vous deux pour avoir affronté ces aléas…Félicitations Marlène! j’adore te lire. Tu utilises avec brio le vocabulaire marin sans utiliser les mots anglais qui supplantent trop facilement ceux de notre belle langue.

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